Hôtels de villégiature, villas, motels et casse-croûtes: l’architecture de vacances

L’été amène les vacanciers à se déplacer et à visiter des lieux qui sont consacrés à leurs activités touristiques. Pour cette chronique de la SRP nous allons visiter quelques architectures emblématiques de la saison estivale.

Nous ne pouvons passer sous silence le passé de villégiature du Bas-Saint-Laurent. Au 19e siècle, la région était prisée par les familles aisées, le phénomène étant favorisé par le développement maritime, puis par celui du chemin de fer. Avec Kamouraska, Rivière-du-Loup et Métis, Rimouski est une des destinations des estivants qui souhaitent quitter la pollution et le rythme de la ville. Des hôtels sont alors construits. Le premier étage était destiné aux activités communes et de divertissements tandis que les étages supérieurs sont pour les chambres. Les visiteurs étant à la recherche de nature et de grand air, les hôtels sont habituellement ornés de nombreuses fenêtres, galeries et portiques. Des résidences secondaires, parfois habitables uniquement en saison estivale, sont également bâties. Le mouvement pittoresque qui reprend des éléments de la nature (asymétrie, diversité des formes et matériaux ainsi que des jeux de lumière) pour les intégrer à l’architecture influence plusieurs de ces habitations.

Originaires des États-Unis, les motels (contraction de « motor » et « hotel ») connaissent leur apogée dans les années 1960 et 1970 avec l’essor de l’automobile. Avant, les lieux d’hébergement temporaire que l’on trouvait sur la route étaient plutôt de petites « cabines » indépendantes. Les motels, quant à eux, sont généralement construits en de longs bâtiments à un étage et aux lignes horizontales. Ils auraient favorisé la démocratisation du tourisme, puisqu’ils étaient pratiques et plus abordables pour les familles. Les motels correspondaient aux types de voyage qui était alors le plus en vogue, soit celui par circuits (« road trip ») au contraire de celui par de longs séjours à un seul endroit de l’époque précédente. La hausse en popularité des gîtes et des campings a favorisé le déclin des motels, tout comme la mauvaise réputation qui leur était associée.

Un autre type de bâtiment classique des vacances d’été est le casse-croûte, cantine ou « snack-bar ». Tout comme les motels, ce type de commerce émerge avec la démocratisation de l’automobile à partir de la moitié du 20e siècle. Ouvert en période estivale exclusivement, il est généralement construit sur un unique étage et comporte un arrangement de fenêtres coulissantes, afin de servir la nourriture à l’extérieur. Il se distingue ainsi des « diners » américains, entre autres par la présence aléatoire d’une salle à manger intérieure et du service aux tables.  La présence d’enseignes commerciales et affiches publicitaires est un élément caractéristique de l’endroit. Non seulement couru par les vacanciers, les casse-croûtes sont aussi des commerces de proximité. Les débats font rage pour déterminer quelle est la meilleure cantine de chaque ville et village.  Même s’ils sont toujours dans le paysage, les casse-croûtes vont connaître un déclin à partir des années 1980, notamment en raison de la sensibilisation à une alimentation plus saine.

Alors que la valeur patrimoniale des bâtiments est souvent envisagée selon la présence d’une architecture sophistiquée et de matériaux riches et de qualité, les bâtiments comme les motels et les casse-croûtes, sans prétention, disparaissent le plus souvent dans le silence. Ils sont toutefois des représentants de phénomènes sociaux et historiques et de l’évolution de la manière de voyager.

Image: Cantine de la gare. avant 2012. Rimouski. Inventaire du patrimoine bâti de la Société rimouskoise du patrimoine.

Bibliographie

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LESSARD, Michel et CADRIN, Gaston. « Les sentiers de la villégiature ». Cap-aux-diamants. No. 33, printemps 1993. p.10-14.

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WRIGHT, Janet. « L’architecture pittoresque au Canada». Parc Canada. 1984. 178 pages. [en ligne] https://www.historicplaces.ca/media/24638/architecturepittoresque.pdf